Carnets de voyage. Chapitre : LE MUR
« Leur Histoire est gravée en ces murs, portant la trace de l’Être aimé. Comme le jour ou le Soleil rencontra la Lune, comme un appel du divin à la Liberté.
Ses voiles de lin clairs se fondaient à la nuit, et ses yeux irisés d’ambre, brillaient d’Or en ses reflets. Il était l’enfant prodige des Cieux, l’Amour à la Grâce incarnée.
Sa grande beauté était aussi miraculeuse que l’Origine même de sa naissance, laissant ainsi le mythe de son parcours aux multiples langues déliées.
Il était l’enfant de l’Oasis, digne héritier du Soleil et de la Lune, aussi mystérieux et fascinant que ses étendues changeantes, aussi majestueux et sauvage que sa nature aux horizons d’infinité.
Le grain de sa peau était fin, cuivré des hâles laissés par la température ardente et ; perlant de rosée à la lumière de son effervescence, se fondait de frissons en velours sous les doigts de celle qu’il prénommait sa fée…
Elle, était la fille aux yeux d’émeraude, pâle d’un teint perle immaculé ; jeune femme aux origines de la noblesse, celle du sens commun de l’amas argenté.
Ils arboraient la vie avec simplicité et tendresse, et se délectaient avec passion de la chaleur des songes de leur union, ensemble entrelacés.
Et dans les bras l’un de l’autre, à l’instant même où la nuit se faisait jour, leurs âmes et leur corps chantaient à l’unisson l’Hymne de la joie et de la volupté.
Elle, vibrait chaque instant sa présence, et chaque instant chérissait la délicatesse de ces moments dÉternité.
Mais… ils n’avaient que 20 ans, et il était l’enfant des dunes. Et loin de leurs rivages aux confins du jour, loin des paysages écarlates de leur émoi de pureté, ils n’avaient pas l’aval du monde des hommes pour s’aimer.
Un soir, au crépuscule sublime du temps suspendu, ils furent surpris dans le partage assoupi de leur nudité. Dans un élan de hâte et de peur, enrubanné des voiles de lin aux couleurs de la Vie, le jeune amant dû précipitamment s’éclipser pour se sauver.
Mais par l’ignominie d’une Autorité Absurde, où le savoir est de ne rien comprendre, mais surtout dont le but, sans once de conscience, est d’obéir sans vraiment exister; décréta crime que la Liberté d’aimer! Et d’un bain de sang, le jeune amant se vit exécuté.
L’éclat poétique de l’émeraude au cœur brisé se ternit alors, et la mélancolie vint à sonner…
Depuis, Mère Nature, si triste et si accablée par la tyrannie des Hommes retient ses larmes en son ciel endeuillé. Et de l’aridité de sa douleur frappe violemment de sécheresse les terres, pour marquer son indignation face à l’offrande du grand Amour, ainsi sacrifié.
Et telle une stèle érigée par Éros à Vénus…
Marquée en mémoire, des stigmates de ces temps passés, accueillant la Liberté en son sein, pleurant en son écorce les supplices de ces merveilleuses vies si injustement volées;
Le mur compte leur Histoire, gravant en lui leur Amour et portant avec dignité la Trace de l’Être aimé. Comme le jour où le Soleil rencontra la Lune, comme un appel de clarté, du divin à la Liberté. »
© Julie MECHALI / Tous droits réservés (photo et texte)